Il y a des livres qui vous tapent dans l’œil au premier regard et qui vous laissent assommé dans votre fauteuil à la dernière page. Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi est de ceux-là. Souvenez-vous de L’Enfer, ce recueil de nouvelles dans lequel il nous faisait rencontrait ouvriers, clochards, étudiants ou attardés du Japon des années 1970. Ce livre nous avait pris à la gorge par sa noirceur et sa puissance; sa description compatissante mais sans illusion de la petite comédie humaine rappelait Balzac et Faulkner avec une acidité inédite.
Acteur incontournable d’une époque fondatrice du manga, Yoshihiro Tatsumi offre, avec Une vie dans les marges, un témoignage exceptionnel sur les milieux éditoriaux et le Japon de l’immédiate après-guerre. Fresque autobiographique, roman social et document historique, ce livre-somme est un chef-d’oeuvre capable de toucher le passionné comme le néophyte.
Pour l’amateur de bande dessinée, Une vie dans les marges donne à voir de l’intérieur la manière dont le manga s’est construit dans ces années-là, passant en peu de temps de l’âge d’or à l’âge industriel. Il invite dans cette évocation les figures mythiques de ce domaine et nous les montre telles qu’elles étaient avant que l’histoire ne les statufient.
Pour le profane, cette fresque dresse un tableau unique du Japon des années d’après-guerre et de ses classes populaires luttants pour la survie quotidienne. De l’essor économique des années 1950 jusqu’aux crises des années 1960, Tatsumi dépeint avec force un pays et une société en pleine mutation. Dans ce premier volume – le second et dernier sortant au mois de septembre – qui court de l’après-guerre au milieu des années 50, Tatsumi, à travers son double Hiroshi Katsumi, dépeint les prémices de ce qu’allait devenir le gekiga. Oeuvre de longue haleine dont la réalisation s’est étalée sur plus de dix ans, Une vie dans les marges est d’ores et déjà un ouvrage de référence récompensé au Japon et aux États-Unis par les prix les plus prestigieux.
Nous donnons ici une édition respectueuse du sens de lecture japonais, présentant les pages en grand format et dans une édition soignée. Une préface inédite de l’éditeur et initiateur du projet Mitsuhiro Asakawa, spécialiste du gegika, accompagne ce premier volume, complété par un dictionnaire des auteurs très utile. Des marque-pages ont été intégrés à la reliure pour faciliter la lecture de ce pavé cartonné de près de 500 pages. La couverture est marquée en noir, ce qui permettra à ceux qui veulent décorer leur chambre de récupérer la jaquette au dos de laquelle ils trouveront un « poster » (comme on disait dans le temps).
Le livre mesure 17 x 24 cm, pour 456 pages bien tassées et coûte 33 euros. Croyez-nous, il les vaut largement (d’autant plus que nous avons fait un effort sur le prix, mais bon, c’est vrai, c’est mesquin de le préciser).
@Jlouis : Merci pour votre réponse. Du Tsuge et du Shirato chez Cornélius, ça fait rêver. Je croise les doigts.
@clement :Si, on y a pensé, mais pas sérieusement. Parce que 21 volumes de 280 pages (et je ne parle ici que de la série principale), franchement, c’est trop pour nous. On connaît nos limites et les problèmes que peuvent entraîner des séries quand on a comme nous une production très encadrée. En revanche, on était intéressé par une mini-série des années 60 mais on n’a pas pu s’entendre avec l’éditeur japonais. Tant pis, un jour, peut-être.
Puisqu’on est dans les questions désagréables, j’en ai deux pour vous. Je me demandais si vous aviez tenté le coup pour le Kamui Den de Senpei Shirato? Je découvre la série avec bonheur mais le papier et l’impression de l’édition kana sont loins de faire rêver…
Sinon, le second Marti est-il prévu dans un futur proche?
Encore bravo et merci pour la qualité de votre boulot. Les Clowes, Crumb et Tatsumi sont parfaits.
@Paria : Tsuge fait partie des gens difficiles à approcher et difficiles à convaincre. Mais nous y travaillons… en croisant les doigts. Patience et longueur de temps, etc.
Tombé par hasard sur cet article, je ne résiste pas à l’envie de vous remercier pour cette superbe édition d’Une vie dans les marges.
Ça devrait être obligatoire de l’acheter, tiens. (et de le lire bien entendu)
Bonjour, désolé de poster ici mais je n’ai pas trouvé d’endroit plus approprié. Tout d’abord félicitations pour la qualité exceptionnelle de votre travail, vos livres respirent vraiment l’amour de la bande dessinée et me poussent à vous être un amant fidèle. Après cette petite léchouille, la question qui me taraude : prévoyez-vous d’éditer à court, moyen ou long terme des œuvres de Yoshiharu Tsuge ? Il est sorti d’un vide éditorial en France avec L’Homme sans talent, publié en 2004 chez Ego comme X, pour y retourner aussitôt. Pourtant son travail m’a touché comme rarement et je me languis de le lire à nouveau du côté de Molière (bien qu’il existe quelques traductions chez les shakespeariens). Merci à la bonne âme qui se dévouera pour me répondre même si elle n’est pas porteuse de la nouvelle tant espérée…
@Piteur :Courage, ça va bien se passer. Et le plaisir n’en sera que plus grand (aucune allusion à DSK).
Bonjour.
Si j’ai compris, il nous faudra attendre septembre 2011 pour enfin connaître la suite de l’histoire racontée « La vie dans les marges » ?
Gasp ! Comment vais-je survivre jusque-là ? ^-^
@Vivian :Un seul mot: merci. Pour une fois que quelqu’un remarque qu’on fait un effort sur les prix, je me roule de joie dans la boue. Grouik.
Bonjour
Je viens d’acheter ce livre et encore une fois je ne peux que saluer la très grande qualité de votre travail. Bravo à vous et à l’ensemble de l’équipe de Cornelius.
Je vous félicite aussi pour les prix de vos ouvrages, quand on voit la qualité de ceux ci je me demande comment vous tenez des prix aussi bas.
Merci encore ! Et vivement la suite 😉
Vivian