Un nouveau volume de l’anthologie Crumb, le onzième exactement, que mon père avait commencée il y a douze ans avec Harlem, un livre de croquis qu’il avait alors confié à mon frère Blaise. Depuis j’ai repris le flambeau, et, en toute modestie, je dois avouer que je ne suis pas peu fière de mon travail. Mais cette fois encore, Robert Crumb, qui est un vrai gentleman, nous a bien aidé. Il a partiellement redessiné la couverture, parue à l’origine dans The Complete Crumb Comics, Volume 4. À différents endroits, le dessin était recouvert de texte, de bulles ou encore de Mister Natural. Il a également crée le lettrage et les couleurs du titre, rien que pour vous. Quant à mon père, il n’a pas chômé non plus, il a ressorti sa gomme et ses crayons de couleurs et a entièrement nettoyé et refait les couleurs du dessin original.
Un nouveau volume de la collection Solange, au format 22 x 29 cm, il fat 104 pages, a une couverture souple avec rabats et coûte 20 euros tout rond.
Tandis que les Etats-Unis déversent napalm et de bombes à fragmentation sur le Vietnam, la belle jeunesse américaine, robuste et naïve, descend dans les rues de San Francisco et New York en quête d’un sens nouveau à la vie. Mister Sixties donne de cette révolte libertaire, optimiste et débraillée, une interprétation venimeuse mais hilarante. Les Années 60 commencent vraiment pour Robert Crumb en juin 1965, quand il découvre ce chef d’œuvre de l’industrie pharmaceutique suisse, le L.S.D. Si le psychotrope libère son trait et ses inhibitions, il n’améliore pas son humeur rogneuse. C’est un Crumb furibard qui renvoie dos à dos intellectuels et politiciens, anarchistes et banquiers, hippies et yuppies : tous, défenseurs de l’ordre établi ou partisans de la contestation, participent d’un même système corrompu. L’agitation de la jeunesse n’est qu’un simulacre enfumé, et les enfants sont aussi conformistes que leurs parents. La réputation faite à l’auteur, de héros de Haight-Ashbury et d’icône de la contre-culture, résulte d’un malentendu cosmique. S’il dessine Janis Joplin, Crumb lui préfère Mother Maybelle Carter et regarde Bob Dylan comme une forme particulièremement irritante d’antéchrist musical. S’il profite de la révolution sexuelle pour jeter sa gourme, il voit avec horreur se lever le mouvement de libération de la femme, qui menace ses fantaisies masturbatoires. Mais les paranoïaques n’ont pas toujours tort. En 1969, les Années 60, si bien fustigées par Crumb, sombrent, avec leurs idéaux de paix et d’amour, dans la boue d’Altamont et le sang des meurtres de la Famille Manson.
Ce nouveau tome est tout à fait fantastique! Il rend vivant, le temps d’une lecture, la fin des années 60! Merci au grand Crumb et à vous éditions Cornélius de nous offrir ce pain béni en BD!