L’Apprenti, troisième et dernier volume de Vie de Mizuki, l’autobiographie-fleuve du maître du manga, est enfin disponible! Nous y retrouvons Shigeru Mizuki, jeune marié et toujours à cours d’argent, courant à droite à gauche pour tenter de décrocher un contrat ou de récupérer les quelques yens qu’un éditeur en faillite a omis de lui régler.
Puis viennent les premiers succès et la naissance du studio Mizuki ; le rythme y est infernal et pour répondre aux commandes qui s’accumulent, Shigeru dessine sans relâche, du matin au soir. Un retour aux sources s’impose, la Nouvelle-Guinée est une évidence. Suivront de nombreux voyages au Mexique, en Australie, à Taiwan ou encore au Bouthan, à la recherche des esprits qui se cachent aux quatre coins du monde.
Le succès sans commune mesure de la bande dessinée au Japon, son ancrage dans la société, sa forme unique et ses thèmes de prédilection, s’expliquent une fois placés en regard de l’Ère Showa (1926-1989). Les biographies des pionniers du manga, de Vie de Mizuki de Shigeru Mizuki à Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi, témoignent autant de l’explosion d’un art populaire que de cette période parmi les plus complexes de l’histoire du Japon. La Vie de Mizuki rappelle qu’en un peu plus d’un siècle, cet archipel presque exclusivement constitué de villages de pêcheurs s’est mué en l’une des plus grandes puissances industrielles mondiales. Entretemps, un élan de modernité et de nationalisme a emporté ses hommes vers la guerre, avant de rapatrier les survivants sur une terre occupée, en perte d’identité, en marche d’industrialisation forcée, démunie de son armée et de son besoin de produire de l’énergie. Cette société qui n’aurait plus besoin de se défendre ni de se nourrir allait accoucher d’une forme d’expression naturellement enfantine, mais d’une richesse indéniable?: le manga. Shigeru Mizuki, cet artiste qui a ressuscité le goût du folklore au Japon, incarne plus que quiconque cette édifiante réaction artistique face au poids de l’Histoire?: celle d’un homme qui a perdu un bras au combat et rentre dans son pays pour donner vie à un courageux fantôme à qui l’on a volé un œil. Récit d’un destin hors du commun, témoignage unique sur la mutation d’un monde, Vie de Mizuki est une extraordinaire fresque romanesque qui embrasse un siècle de chaos et d’inventions.
Vie de Mizuki : l’apprenti est un nouveau livre de la collection Pierre. Il mesure 17 x 24 cm pour 496 pages. Sous la jaquette se trouve une couverture cartonnée avec marquage vert brillant ainsi qu’un marque-page rose. Ce dernier vous sera particulièrement utile pour vous reporter aux notes détaillées en fin d’ouvrage. Vie de Mizuki : l’apprenti coûte 34,50 euros.
Moi aussi je tiens à saluer l’effort des éditions Cornélius quant au choix de publications et surtout à la qualité de leurs ouvrages.
J’ai découvert Mizuki avec « NonNonbâ » avant qu’on ne lui décerne le prix du meilleur album en 2007 au FIBD. Par la suite l’album « Opération Mort » m’a bouleversé, ce qui a fait que je me suis rué sur le T1 de « La vie de Mizuki » pour en apprendre d’avantage. Je ne possède pas encore le T3, mais j’ai eu la chance de me rendre au mois d’Avril dernier au « Mizuki Shigeru kinenkan » à Sakaiminato, le musée Mizuki donc. J’ai été agréablement surpris de voir les albums français des éd. Cornélius en libre lecture au sein du musée et puis surtout la mise en avant du prix pour « NonNonbâ ». Et le fait d’avoir lu les 2 premiers tomes de « La vie de Mizuki » m’a permis de mieux apprécier cette visite du musée.
Au passage, 50% de réduction sur le ticket d’entrée pour les étrangers, excellent.
@Pethor : Merci pour vos compliments, ça fait plaisir. Pour répondre à votre question, Mizuki a délégué depuis longtemps à son studio la réalisation de ses bandes dessinées. Ce qui ne signifie pas qu’il ne soit pas impliqué à différents niveaux. Selon les œuvres et les époques, il a pu faire les crayonnés, les couleurs, certaines séquences et, bien évidemment, le scénario. Son âge avançant, Mizuki a délégué de plus en plus. Mais il y a 4 ans, il a encore écrit un feuilleton télévisé sur la vie de sa femme.
Je crois que je vais me répéter mais tant pis. Merci de publier Mizuki ( et Tatsumi), qui plus est avec goût et qualité. Bien que l’univers soit moins yokaïesque qu’à l’accoutumée cela n’enlève en rien les qualités de l’auteur qui signe une histoire touchante, pleine de sincérité et parfois d’autodérision. J’en profite pour vous poser une question qui me trotte, shigeru mizuki continue-t-il de publier de nouvelles choses?