Publié pour la première fois au Japon en 1972, Hitler s’impose aujourd’hui plus que jamais comme l’oeuvre d’un auteur en avance sur son temps. Shigeru Mizuki dresse, dans sa biographie de Hitler, un portrait peu commun du plus grand monstre du XXème siècle qui, au delà des conséquences tragiques de sa prise de pouvoir qui nous sont familières, s’attache à décrire les aspects souvent méconnus de la personnalité du Führer. Hitler n’est pas, à proprement parler, un livre sur la seconde guerre mondiale mais une analyse originale et pertinente de l’homme, loin des caricatures. Sa relation incestueuse avec sa nièce, ses tentatives de suicide, son addiction aux narcotiques sont autant de clés qui permettent, sinon de comprendre, du moins de cerner la folie de cet homme.
Pour résoudre cet effrayant mystère, Shigeru Mizuki convoque les avatars du Führer : l’étudiant famélique, le caporal bavarois, l’agitateur politique, le chancelier du Reich, le chef de guerre. De la synthèse de ces images multiples et contradictoires naît un personnage rusé et naïf, cabotin et cruel, inquiétant et ridicule, silhouette dérisoire qui rit, sifflote, enrage, pleure et répète : « Mon empire durera mille ans. » Son expression se concentre dans ses moustaches et surtout un regard, tour à tour hypnotique comme celui de Mabuse ou mouillé comme celui d’un chien battu. Pour décor, le mangaka use de photos d’archives, qui soulignent la froide réalité de la tragédie mais aussi créent l’ambiance expressionniste et angoissante d’une Allemagne hantée, où rôde la Mort montée sur son cheval pâle. Claire et didactique, cette biographie déroule les étapes d’une catastrophe implacable, rythmée par le bruit des bottes. Si elle reproduit parfois la légende hitlérienne, noire ou dorée, elle évite de diaboliser son sujet, qui demeure humain, trop humain. Terré dans son bunker, l’artiste frustré meurt dans l’écroulement de son oeuvre, le Reich de mille ans. Il n’est plus qu’un cadavre anonyme parmi des millions d’autres. Le charnier de l’Histoire engloutit les victimes et leurs bourreaux. Et les ruines de Berlin évoquent celles de Hiroshima ou Nagasaki. La folie de Hitler est celle d’un homme, de tous les hommes.
Deux marque-pages ont été intégrés à la reliure, l’un pour le récit, l’autre pour les notes ; la couverture est marquée en noir sur fond rouge. Contrairement à Une vie dans les marges, nous n’avons pas imprimé de poster au dos de la jaquette: qui voudrait afficher la sale bobine d’Adolf sur le mur de sa chambre ? Pas nos lecteurs, assurément !
Ce livre de la nouvelle collection Pierre mesure 17 x 24 cm, pour 296 pages, le tout pour 25 euros.
@Vega : Oui, nous envisageons de réimprimer certains titres en version cartonnée, en particulier les deux titres que vous citez. NonNonBa sera en librairie sous cette forme début décembre. En revanche, rien ne garantit que ces éditions ne seront pas à leur tour remplacées par leurs homologues souples. Ce sont en quelque sorte des éditions limitées sans limite particulière…
@Johan : Hugues Micol nous fait savoir qu’il va y réfléchir. Mais à mon avis, il est peu probable qu’il y parvienne.
Bonjour,
Avec Une vie dans les marges et dans un autre genre WIlson et Toxic, on peut constater une émergence du cartonné chez Cornelius. Cette tendance va t’elle se confirmer? Comptez vous rééditer certains de vos anciens ouvrages sous ce format aprés rupture? (je pense a Nonnonba ou Le rayon de la mort par exemple, qui se prêteraient bien a ce format)
Merci d’avance.
Cher Sagamore,
S’il-vous plaît, n’en jetez plus.
« Maudit Victor » m’a aveuglé, « Une vie dans les marges » m’a mis à genoux, « Hitler » m’a achevé.
Essayez de produire quelque chose un tant soit peu médiocre, par pitié! Le temps de reprendre mon souffle.
Bravo à toute la progéniture!