Saviez-vous que le créateur de la revue annuelle Kramers Ergot qui a abrité dans ses pages des artistes aussi importants que Chris Ware, Daniel Clowes ou Blexbolex était aussi un dessinateur de génie? Non?
Nous avons décidé de redresser ce tort et publions ce mois-ci le superbe Culbutes qui regroupe une grande partie des histoires complètes de Sammy Harkham parues entre 2006 et 2010 chez Drawn and Quarterly ainsi que la nouvelle Poor Sailor, adaptation libre d’un conte de Guy de Maupassant intitulé En Mer, parue en 2006 chez Gingko Press. De ces histoires découlent une légèreté teintée de drame et d’amertume et sans effort apparent, le dessin sans artifice de Sammy Harkham parvient à montrer un panorama de l’expérience humaine, entre accomplissent tranquille et violence sauvage.
Quand il ne réinvente pas le New York des années 50 ou le Hollywood des années 70, Harkham situe ses récits dans un territoire vague, à une époque incertaine. Là, il peut animer librement les créatures de son imagination, voire se rêver d’autres vies, dans la peau d’un Napoléon, dessinateur inquiet, ou celle du scribe besogneux d’un shtetl d’Ukraine. Les comics se rapprochent ici du poème ou de la nouvelle. Histoire et dessin reposent sur une économie de moyens volontaire et un sens aigu de l’ellipse. L’apparente facilité ou banalité du trait est délibérée. Harkham utilise les limitations et les codes visuels du genre pour développer un dessin clair, lisible, dépourvu d’artifices et faisant un usage minimaliste de la couleur, mais d’une grande densité. Chaque case, aussi simple qu’elle paraisse, contribue à la subtilité et la charge émotionnelle du récit. Ce contraste entre le dépouillement du trait et la puissance de l’émotion rappelle la manière de Schulz. Mais l’humour et la fantaisie chez Harkham s’accompagnent d’une vision sombre et sans complaisance de l’humanité. L’inassouvissement, la frustration sexuelle, l’inquiétude métaphysique menacent à chaque instant de noyer les dessins sous un flot de sang noir. Et Harkham de citer, parmi les artistes dont il se sent proche, ces autres visionnaires ironiques que sont Knut Hamsun, Charles Willeford, Will Oldham ou Leonard Cohen.
Culbutes est un nouveau livre de la collection Pierre, imprimé en bichromie. Il fait 128 pages et mesure 17 x 24 cm. Il coûte 19,50 euros.
Un livre fabuleux je n’en doute pas que j’ai commandé chez mon libraire hier avec Cycloman et tout en prenant deux Necron hier soir…
Cette année 2013 sera celle de Cornélius me concernant !
Aaaaaaaaaah cher Pierre je comprends mieux et me ravis de cette bonne nouvelle !
Vous me voyez donc dans l’obligation d’acquérir de toute urgence ce très beau livre et vous placer de ce fait dans mes éditeurs préférés. Dois-je dire que j’attends avec impatience les 7 tomes de Necron que j’ai commandé à mon libraire la semaine dernière ? Et que je me titille les neurones pour savoir si Peplum va agrandir la famille Cornelius dans mon humble domicile ? Arf, merci beaucoup !
@Jetjet :Bonjour. L’édition de Poor Sailor dont vous parlez redécoupait les planches originales à raison d »une case par page. Nous avons reproduit dans Culbutes la version originale de l’histoire, qui comporte 4 cases par page. Il y a aussi du matériel inédit, spécifiquement dessiné pour ce volume, et qu’on ne retrouve pas dans l’édition américaine. Un livre fabuleux, en tout état de cause.
Saviez-vous que vous allez me rendre fou et endetté avec toutes vos belles publications qui me font de l’oeil ? Non? 🙂
Blague à part, j’avais cru lire que le Poor Sailor édité en édition originale faisait 120 pages alors que ce bel ouvrage en fait 128 donc je voulais juste savoir comment est faite la répartition de ce recueil avant de le commander chez mon libraire !
Merci pour votre réponse.