Chers amis, quoi de mieux pour commencer l’année que de plonger dans un bain de romantisme? Singeon, jeune auteur nouvellement débarqué chez Cornélius, se plie à l’exercice et propose avec Sauvetages une variations en 50 dessins autour de cette trame ancestrale: l’amoureux veut sauver la princesse. Que le chevalier blanc soit un singe malicieux et que l’action se déroule sur les eaux d’un océan aux proportions changeantes ne ruine en rien la formule; l’amour sera forcément vainqueur, qu’il faille délivrer la dulcinée de son donjon ou de sa cabine. « Cuirassés, vagues, singe et princesse » est ici le seul vocabulaire que s’autorise l’auteur pour composer la ballade du primate cavalant après sa belle. Dans cet univers clos, délimité sur ses quatre côtés par l’horizon et au centre duquel le drame se répète, Singeon multiplie les changements de traits et les ruptures de ton, énumérant pour son héros les hypothèses de cette quête éternelle, accumulation d’échecs/chagrins/détresse/victoires (au choix).
Emprisonné dans cet océan aléatoire à la perspective variable, le lecteur se perd lui aussi, balotté dans une mer qui ne cherche pas à lui dissimuler que dans ses profondeurs bleu électrique se tapit l’inconscient de l’auteur, en train de rêver.
Après le Greenwich de Jean Lecointre et le Terra Maxima de Ludovic Debeurme, la collection Blaise achève sa mue luxueuse et offre à Singeon une entrée remarquée chez Cornélius. Le fait que le manuscrit nous soit parvenu par la poste n’est pas le moindre miracle de ce livre qui semble sorti de nulle part et ne se raccroche à rien. Dessinés librement sur papier calque, les originaux ont été retravaillés dans une bichromie puissante qui achève de donner à ces sauvetages leur caractère étrange et inclassable.
Petit aperçu extrêmement alléchant et mise en couleurs tout à fait idoine, j’ai hâte de voir l’objet. Bravo Singeon et merci Cornelius pour cette nouvelle collection!