Salut les arsouilles. C’est Raoul. Il y a longtemps que je ne vous avais pas écrit, mais Lara a surgi et m’a fait sortir de mon terrier – comme quoi, tout est possible – en y lançant un pétard. La véritable histoire de Lara Canepa, piloté par Giacomo Nanni, est un ovni qui jette des éclairs bleu et rose. Il arrive de nulle part, nous met une petite tape là où il faut et puis s’en va, sans qu’on comprenne pourquoi il s’est posé sur notre route. Je sais qu’on dirait pas comme ça, mais je suis un garçon sensible. Un peu comme Vernon, le fils de Lara. Sauf que lui il ne trouve vraiment pas sa place au sein de la famille Canepa, alors il essaie d’y semer la zizanie pour s’amuser. Et provoquer ses parents, un peu. Mais ça fonctionne pas vraiment. Bon après moi je lui filerai bien 2-3 tuyaux à Vernon, car m’est avis qu’il y va pas assez fort. J’ai notamment expérimenté une super technique (mise en pratique contre Delphine), une vague histoire de boyaux de marcassin et de video-tape. Enfin je vous raconterai ça une prochaine fois, j’ai mon vol pour Cancun là, je rejoins Gilbert. À plus!
16 août 1977 : Elvis Presley est retrouvé mort dans sa somptueuse villa de Graceland. Pourtant, un homme lui ressemblant à s’y méprendre a été aperçu le même jour achetant un billet pour Buenos Aires, sous l’un des pseudonymes de la star : John Burrows… Trente ans plus tard, au matin de l’anniversaire de la disparition du King, Lara Canepa reçoit un mystérieux paquet contenant un vieux 45 tours : une version italienne de la célèbre chanson That’s someone you never forget de l’icône du rock’n roll. Un cadeau qui risque de faire remonter à la surface bien des non-dits, car l’histoire d’Elvis semble intimement liée à des secrets inavoués de la famille. Prisonniers d’une vie qui s’enfonce avec lenteur dans la monotonie, les personnages sont incapables de communiquer. Dans leur existence circulaire, comme fermée sur elle-même, ils se heurtent sans cesse aux souvenirs qu’ils ont tenté d’oublier. Leur histoire se dévoile alors par petites touches, dans un enchevêtrement lent matérialisé par le dessin même, entre rêve et réalité, à la frontière ténue entre l’inconscient et le conscient. Un récit profondément onirique, aux accents surréalistes, qui aborde avec poésie les relations amoureuses, la quête d’identité et, au-delà, l’impossibilité empirique de raconter une histoire « vraie ».
Giacomo Nanni est né en 1971 en Italie, à Rimini, petite ville balnéaire où il réside encore aujourd’hui. Après avoir étudié le dessin animé à l’École du Livre d’Urbino, il publie sa première bande dessinée en 1996 dans la revue Mano, (Six dessins pour un Voyage en Grande Garabagne, d’après Henri Michaux). Depuis 2004, il fait partie du groupe de dessinateurs réunis autour de l’audacieuse revue Canicola (primée à Angoulême en 2008), qui incarne avec brio la nouvelle garde de la bande dessinée italienne. Il remporte en 2005 le « Prix de la meilleure histoire courte » au festival de Lucca pour La plus belle chose, qui deviendra un chapitre de son premier livre, Le garçon qui cherchait la peur, publié en Italie en 2006 et présenté chez Cornélius en 2012 dans une édition totalement nouvelle. Giacomo publie Chroniquettes, manifeste de minimalisme improvisé quotidiennement sur Internet dont un volume a paru chez Cornélius. Depuis 2011, il réalise des bandes dessinées et des animations inspirées de faits divers pour le site italien Ilpost.it. Cherchant avec rigueur de nouvelles voies, Giacomo Nanni s’impose comme l’un des auteurs les plus novateurs de la nouvelle bande dessinée italienne.
La véritable histoire de Lara Canepa est le trentième boeing de la collection Raoul.
Il mesure 15 x 21 cm, compte 144 pages imprimées en bichromie et coûte 18,50 euros.