Fils de deux professeurs d’Université métis nippo-américains, Adrian Tomine naît sous le soleil californien des années soixante-dix mais n’y séjourne pas longtemps. Après le divorce de ses parents, il suit sa mère de ville en ville jusqu’en Europe, où ils habitent en Allemagne et en Belgique.

De retour aux États-Unis, il s’installe avec son père à Sacramento afin de poursuivre des études universitaires. C’est là, au tout début des années 1990, encore adolescent, qu’il commence a auto-éditer sa première et unique série de bande dessinée, Optic Nerve, toujours en cours vingt-six ans plus tard.

Ses premières histoires, quoiqu’encore immatures, font montre d’une identité affirmée et plus encore d’un projet à dépeindre le mal-être contemporain au travers de nouvelles s’attachant a décrire des situations inextricables. Le temps aidant, Adrian Tomine a fait évoluer son langage grâce aux influences de ses contemporains, Jaime Hernandez, Daniel Clowes et Chris Ware en tête de liste. Sur le fond, ce nippo-américain de quatrième génération évoque de plus en plus régulièrement la situation des métis en Amérique du Nord, un sujet qu’il prend véritablement à bras le corps dans le seul roman graphique de sa carrière “Loin d’être parfait” (paru aux éditions Delcourt).

Son trait clair et synthétique touche aujourd’hui à une forme d’épure qui fait écho à l’esthétique de nombreuses bandes underground nord-américaines. Mais derrière cette parenté se cache un auteur singulier à la voix immédiatement identifiable. Adrian Tomine est parvenu a cristalliser à la perfection cette forme de dépression latente et parfois impalpable qui prend les citadins contemporains. Avec un raffinement unique.